Découvrez toute l’histoire de Liévin, de Levesano à nos jours…
DE LEVESANO À LIÉVIN
Liévin est la ville d’une histoire mouvementée. Longtemps ville minière, deux fois détruite et deux fois relevée de ses cendres, elle incarne l’esprit de résistance. Sa vitalité a su transformer ses drames en une nouvelle chance.
L’histoire de Liévin commence avec l’eau. De tout temps en effet, les hommes ont choisi de se sédentariser à un endroit proche de cet élément nécessaire à la vie. La légende raconte qu’au Ier siècle avant Jésus-Christ, le futur Liévin s’appelait Levesano, ce qui signifie l’eau qui guérit, l’eau qui purifie. Cette eau provenait principalement de la rivière la Souchez, qui traverse Liévin et irrigue également Angres et Lens. Les premiers habitants s’installèrent sur les flancs de la colline de Riaumont. Plusieurs civilisations s’y sont succédées. Lors de la construction des mines, en 1903, les vestiges de deux cimetières gallo-romains ont été découverts.
Les premiers habitants s’installèrent sur les flancs de la colline de Riaumont. Plusieurs civilisations s’y sont succédées.
Puis ce sont les fondations d’une importante villa de la même époque qui furent mises à jour. Après les Romains, les Francs ont occupé le même emplacement : 752 tombes, formant la plus grande nécropole franque du Pas-de-Calais, ont été exhumées en 1905. Aujourd’hui, la ville continue de découvrir son passé en procédant lorsqu’elle le peut à de nouvelles fouilles archéologiques. Tout récemment, les travaux de réaménagement du jardin public ont offert une belle découverte au service municipal de la mémoire de Liévin. Celui-ci y a retrouvé les fondations du pigeonnier du Château blanc, construit en 1742 et détruit par les bombardements en 1917. C’est une histoire de cinq siècles que ce trésor a ainsi livrée au jour.
Avant la guerre de 1914-1918, les ruines de trois châteaux témoignaient encore de la vie des seigneurs au Moyen Age. Le plus important, celui des Rollencourt, construit au XIème siècle, connut d’illustres propriétaires, tels que Guillaume d’Orange, prince de Nassau, et au XVIIIème siècle, la puissante famille d’Aumale. Les derniers propriétaires de Rollencourt, les Jonglez de Ligne, grands bourgeois enrichis par le commerce et anoblis après l’achat d’un titre de comte auprès du pape, firent ériger un nouveau château vers 1878, haut de 43 mètres et décoré de belles tapisseries. Il fut détruit en 1917. Durant plusieurs siècles, Liévin-en-Artois, comme on l’appelait alors, fut un bourg rural. En 1414, la commune comptait 150 habitants, 250 en 1730 et près de 800 au moment de la Révolution. La rue principale, « la Grande rue », qui correspondait à l’actuelle rue du Quatre-Septembre, épousait le cours sinueux de la Souchez. Le vieux village de Liévin-en-Artois se serait alors déployé autour d’une grange monastique avec son église, construite au XIème siècle.
L’église Saint-Martin, démolie pendant la guerre de 1914-1918, a été reconstruite en 1927 à son emplacement d’origine, à la différence du reste de la ville qui a été entièrement réaménagé. Avec une particularité toutefois : l’axe initial a été inversé ; elle est aujourd’hui bâtie sur un axe nord-est, sud-ouest. Il semble que l’architecte Jean Goniaux ait voulu donner à l’édifice une perspective remarquable : il utilisa la forte pente du relief pour construire les nombreuses marches qui mènent à l’entrée. En situant l’entrée de l’église du côté de la ville « naissante », cet architecte souhaitait sans doute symboliser la vocation sociale, voire politique de l’église.
L’histoire de Liévin se confond avec celle de l’Artois, cette province de l’Ancien Régime qui fut le théâtre de sanglantes batailles.
Entre le XIIème et le XVIème siècle, le comté et le XVIème d’Artois appartint successivement aux ducs de Bourgogne et aux Habsbourg d’Espagne avant d’être annexé à la France après la guerre de Trente Ans. L’un des événements qui marqua l’histoire du pays fut l’occupation par les armées d’Espagne. En 1648, Lens fut libéré au cours de la bataille de Lens, conduite par le Grand Condé qui avait feint le repli. Le choc le plus violent aurait eu lieu à l’endroit où se construit aujourd’hui la résidence de la Victoire, dénomination illustrant le succès et l’intelligence militaire du Grand Condé. Celui-ci a laissé son empreinte au cœur du quartier de Calonne à Liévin : un arbre fut planté en souvenir de cette bataille dans l’actuelle cité Saint-Amé. Surnommé l’Arbre de gain, il a donné son nom à l’une des rues de la cité (la rue de l’Abregain).
De la terre à la mine
La grande affaire de Liévin fut longtemps le charbon. La légende veut que la découverte du minerai dans le nord remonte au XIIème siècle.
Les forgerons souffraient alors du prix élevé du charbon de bois. De passage chez l’un d’entre eux, un vagabond aurait vu sur une colline des environs de Liège de la terre noire qui brûlait. En réalité, il faudra attendre 700 ans pour que l’on découvre, par le plus grand des hasard, une veine de charbon en Belgique
En 1841, l’ingénieur Louis-Georges Mulot, spécialiste des puits artésiens, entreprend un forage dans le parc d’une certaine Henriette de Clercq, châtelaine à Oignies, qui lui demande de creuser un étang. À 151 mètres de profondeur, il découvre, du charbon. À l’issue d’un second forage, effectué en 1848, la Compagnie des mines de Lens se constitue. On est en 1853. C’est la naissance des puits « 1, 2 et 4 », numérotés dans l’ordre de leur mise en service. En 1858, l’exploitation minière commence à Liévin. La vie du bourg rural en sera bouleversée pendant des décennies.
Une transformation protéiforme
Liévin subit des transformations dans tous les domaines. D’abord démographique : la population passe de 1 400 habitants vers 1850 à 26 000 en 1914 ; urbanistique, les compagnies construisent autour des différentes fosses des cités minières pour loger les ouvriers ; sociale enfin : le monde de la mine est régi par des règles de vie très particulières. Le poids des traditions dont celles apportées par les immigrés italiens et polonais, la solidarité ouvrière, la dureté des conditions de travail, l’emprise des sociétés houillères sur chaque instant de la vie des mineurs et de leurs familles : tout participe à la mise en place d’un monde spécifique et singulier.
Cependant, les deux compagnies de Liévin et de Lens présentent des antagonismes, notamment dans le domaine religieux, qui renforcent les rivalités. La Compagnie de Lens est riche et catholique. La première cité qu’elle construit à Liévin, celle de Saint-Amé, dite du 3 de Lens, est emblématique du modèle qu’elle propose. Il y a une église, un presbytère, des écoles catholiques, un kiosque à musique et une salle des fêtes. C’est une cité à corons, dont la première rue, la rue de l’Abregain, est constituée de neuf maisons, habitées, raconte-t-on, par des expatriés belges.
Face à la richesse de Lens, La Société Houillère de Liévin affirme sa puissance en construisant un siège à l’architecture imposante sur la colline de Riaumont. Et tandis qu’à Lens la catholique, « il suffit de montrer son certificat de baptême pour se faire embaucher », Liévin fait édifier un temple destiné aux cadres de la société dont beaucoup viennent d’Alès, région protestante. À côté des puits, le quartier ancien de Saint-Martin vit à part, les habitants des cités n’y viennent pas. Et lorsque les curés s’écrivent, celui de Saint-Martin signe « Liévin village » et celui du 3 de Lens, l’abbé Canesson, signe « Liévin-les-Mines ». Avec le développement de la mine, la grande rue de Liévin n’est plus l’axe principal de la ville. Elle a été détrônée par la rue Jean-Baptiste Defernez, la grande artère qui mène de Liévin à Lens. C’est là que circulera, de 1890 à 1948, le petit train venant de Lens et desservant sur 53 kilomètres les communes minières et rurales, connu sous le nom de « tacot », « gueulard » ou encore « tramway ».
L’église au cœur de la cité
À la première cité de Lens, dite du 3, que l’on appelle aussi la cité Saint-Amé, répond celle de Liévin, baptisée pour la différencier de l’autre la cité du Trois sous Ch’Bos, c’est-à-dire du « Trois sous le bois ». Le bois est celui de Riaumont, où se trouvait autrefois la petite chapelle Notre-Dame-de-Grâce. Bientôt, cette chapelle ne suffit plus à accueillir les fidèles dont le nombre croît avec l’arrivée de populations nouvelles. En 1889, l’abbé Canesson demande à la municipalité de Liévin et à la Compagnie des mines de Lens de bâtir une église, sur le modèle de celle de Saint-Amé, dont il est le curé. Peine perdue, les uns et les autres s’opposent à cette initiative. Au bout du compte, c’est la Compagnie des mines de Liévin qui financera la nouvelle église, dénommée Notre-Dame-de-Grâce en souvenir de la chapelle, au début des années 1930. Sa cloche est fabriquée à partir de morceaux fondus de celle de l’église Saint-Martin, qui a été détruite pendant la guerre de 1914-1918. Sitôt construite, elle est d’emblée très fréquentée par la communauté polonaise. Quant à la chapelle du bois de Riaumont, disparue dans un incendie en 1903, il faudra attendre mai 2010 pour qu’elle soit reconstruite. Adossée au talus où se trouvait la source qui donna son nom à la ville, elle a été bâtie de telle sorte qu’à chaque équinoxe le soleil vienne frapper la statue de Notre-Dame. En 1999, Patrick Adèle dit Renseville, responsable de la Maison de la Mémoire, retrouva des vestiges de la chapelle, et notamment une pierre datant de 1764. C’était le premier pas vers la reconstruction du site dont la première pierre fut posée le 30 juin 2007.
Le cataclysme de 1914-1918
Située à la frontière nord de la France, Liévin est évidemment particulièrement touchée par les combats de la Grande Guerre. Le tribut payé par la ville est considérable. Ballottés dans la tourmente, vivant dans des conditions difficiles, réfugiés dans les caves, les liévinois font montre de courage exemplaire : 600 soldats tombent au champ d’honneur, 400 civils périssent.
Le comportement des habitants vaudra à la ville de Liévin la Croix de Guerre 1914-1918. Décernée le 10 août 1920 par Alain Lefèbvre, ministre de la Guerre, elle porte la mention suivante : « La ville de Liévin, rempart de la ville de Lens, a été entièrement détruite par le canon. Malgré le nombre élevé des victimes, elle s’est toujours montrée digne et vaillante dans les épreuves et sous la domination ennemie ».
Deux sites symbolisent la dureté de ces combats : le monument canadien de Vimy et la nécropole militaire de Notre-Dame-de-Lorette.
Vimy
Dominant Liévin, la crête de Vimy était un lieu stratégique. Elle représentait un promontoire, un poste d’observation notoire du haut duquel les belligérants s’assuraient alors une maîtrise totale du bassin sur lequel elle s’ouvrait. Dès 1914, les Allemands s’en emparent. Les Alliés n’auront de cesse de la reprendre. Au cours de multiples tentatives infructueuses, 150 000 soldats alliés y trouvent la mort. En 1917, grâce à des techniques et des stratégies qui marquent un tournant dans la guerre d’offensive, les troupes canadiennes du général Byng reprennent la crête. Ce fait d’armes vaudra au Canada de signer le traité de Versailles en son nom propre.
Le monument commémoratif, érigé de 1925 à 1936, rappelle pour l’éternité le sacrifice des 66 000 Canadiens, morts pendant la Première Guerre mondiale sur le sol français. Dans un parc de 110 hectares, 11 285 arbres et arbustes évoquent les 11 285 disparus dont les noms sont inscrits sur la pierre blanche de Croatie du monument. Ce monument d’une modernité remarquable est l’œuvre de Walter Allward ; il est devenu le symbole de la nation canadienne.
Notre-Dame-de-Lorette
Sur le territoire de la commune d’Ablain-Saint-Nazaire, membre de la Communauté d’Agglomération de Lens-Liévin, est érigé un autre mémorial remarquable de la Première Guerre mondiale : la nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette, qui réunit 40 058 tombes individuelles et sept ossuaires sur 25 hectares. Une tour lanterne, haute de 52 mètres avec un phare visible à plusieurs kilomètres à la ronde, a été réalisée par l’architecte Louis Cordonnier. L’association de La Garde d’Honneur de l’ossuaire de Notre-Dame-de-Lorette, qui compte 3 200 membres actifs, assure une présence permanente sur le site de la nécropole pour veiller à sa sécurité et faire vivre la mémoire qu’il incarne. La basilique, de style romano-byzantin, est décorée de fresques et de vitraux qui racontent certains épisodes de la Grande Guerre et de l’Histoire de France. Ses murs intérieurs sont recouverts de plaques de souvenir.
Ce monument commémore la bataille de Lorette qui, en mai 1915, au prix de rudes combats (100 000 morts et autant de blessés) permit au 21ème corps du général Maistre de reprendre l’ensemble du massif de Notre-Dame-de-Lorette. Des hommes « bouillants d’enthousiasme », de « bravoure merveilleuse » et « d’admirable abnégation », comme le soulignera le colonel Mignot dans un rapport sur les combats sanglants de la Grande Guerre. La première pierre de la tour lanterne fut posée par le maréchal Philippe Pétain le 19 juin 1921, et l’ensemble du mémorial ne fut achevé que dix ans plus tard.
La fonction mémorielle de ce site a été étendue d’autres conflits. Après avoir abrité les restes des soldats inconnus non sélectionnés pour l’Arc de Triomphe, cette nécropole est également le dépositaire du Soldat Inconnu 1939-1945, des cendres des déportés des camps nazis (depuis 1955), du Soldat Inconnu d’Algérie Maroc et Tunisie, et depuis 1980 du Soldat Inconnu d’Indochine.
La mine comme métronome
En 1914, la société Houillère de Liévin possède 13 puits d’extraction et d’aérage. Elle emploie près de 10 000 personnes, dont 8 000 travaillent au fond des puits. Deux millions de tonnes de charbon sont extraites chaque année. L’entreprise possède 4 282 maisons et des œuvres sociales : caisse de secours, coopérative de consommation, consultations pour nourrissons, dispensaires, écoles, cirées ouvrières.
Après la guerre, la ville de Liévin est reconstruite et prend la physionomie qu’elle conservera jusqu’à la fin de l’exploitation minière. Sur les hauteurs de Riaumont, les Grands Bureaux, siège de la Compagnie des mines de Liévin, érigés par Jean Goniaux, impressionnent par leur taille et leur architecture. Les cités sont reconstruites à l’identique. À Saint-Amé, les deux écoles de garçons et de filles sont rebâties, avec leurs galeries qui les relient directement à l’église. Mais les rues, qui changent de nom, deviennent aussi plus rectilignes. La structure de l’habitat se modifie progressivement pour des raisons techniques. En effet, lorsque l’on creuse les galeries d’exploitation, les corons sont menacés d’affaissement. Peu à peu, ils seront restructurés, réduisant ainsi le nombre de logements. On passe à d’autres formes de cités, dites pavillonnaires. Dès 1905, on avait vu apparaître, sous l’influence anglaise, les « cités jardins », plus aérées. Elles seront intégrées dans le projet urbain de la Société Houillère de Liévin, lors de cette reconstruction de l’après-guerre. Chaque cité fonctionne en autarcie, ignorant souvent ce qui se passe à côté. Rassemblées autour d’un même puits, disposant de tout à l’intérieur de leur ensemble de logements, les familles n’ont ni l’envie, ni le loisir d’explorer la ville. « Certains habitants du nord de Liévin ignoraient même qu’il y avait une rivière au sud », affirme Hélène Queste, responsable du service aménagement de la ville.
Calonne, Riaumont, Les Petits-Bois, Saint- Albert, Saint-Amé, le 2 et le 4 de Lens sont à l’époque autant de mondes clos.
Mais partout le système et les règles mis en place par les compagnies en régissent le fonctionnement.
La loi des compagnies
« Dans les cités, tout était très hiérarchisé. L’habitat d’abord. Ainsi l’ingénieur avait son parc avec son jardinier. Ensuite il y avait les maisons des maîtres porions, avec les toilettes à l’intérieur. Puis venaient celles des porions, des chefs de taille et des ouvriers : pour eux, il y avait un robinet d’eau courante à l’extérieur. Dans certaines cités, la cuisine se trouvait souvent de l’autre côté de la rue. Nous vivions dans un monde clos mais également protégé », raconte Jean-Marie Lequint, président de l’Office Municipal de la Mémoire.
Cette protection et ce sentiment de sécurité sont le résultat d’une discipline de fer, imposée par les Houillères. Présent à tout instant et auprès de chaque membre des familles de mineurs, le garde des mines a aussi une fonction d’aide et de conseil. « Il faisait le lien entre la mine et les mineurs. C’est lui qui distribuait les paquets de graines que les mineurs devaient mettre en terre au printemps. II faisait aussi office d’écrivain public, parfois de conseiller pédagogique précise Guy Boucher, archiviste au diocèse d’Arras et juge pour enfants. »
Les cités : des identités spécifiques
L’histoire de ces cités a été marquée par les différents flux d’immigration. Les habitants se regroupaient en effet par nationalité.
Il y eut les Polonais et les Italiens, puis les Belges, les Marocains, les Algériens et les Tunisiens, notamment. « La cité du Percot, c’était la colonie italienne. Dans la cité du Pont Thiers, les Marocains vivaient à trois ou quatre par maisons. L’été, ils préparaient le thé sur le trottoir. A leur arrivée, les Polonais travaillaient surtout au 3 de Liévin. On parlait de la rue Cuvier, comme du coron des Polonais », raconte Lucien Laurent.
Calonne-Liévin, un monde à part
Au sein de cet ensemble, la cité de Calonne avait un statut particulier, d’une part parce que le train puis la route avaient tracé une sorte de frontière urbaine à l’intérieur de Liévin. Calonne est ainsi devenue une ville au sein de la ville ; on parle d’ailleurs de Calonne-Liévin. D’autre part parce que c’est là que les directions des Houillères rassemblaient les « fortes têtes » syndicalistes, communistes et autres contestataires d’où le surnom de Calonne-la-Rouge ou du « Petit Moscou ». Ces ouvriers étaient envoyés à la fosse 5 où les veines de charbon étaient réputées grisouteuses, silicotiques et particulièrement dangereuses à travailler. Elle avait d’ailleurs été surnommée l’IIe du Diable. Les habitants de Calonne-Liévin avaient cependant trouvé dans le football un dérivatif qui devait résister aux années. Le club l’Espérance, toujours très bien classé, a inauguré en 2010 sa nouvelle pelouse !
La présence polonaise
Parmi les immigrés, les Polonais furent parmi les premiers et les plus nombreux. À Liévin, ils sont installés majoritairement aux 2-5 de Calonne et au 3 de Liévin. Au 3, le boucher et le boulanger sont polonais. À Calonne, le café Makowiak rue Émile Zola, qui sert de lieu de rendez-vous, voisine avec de nombreux autres commerces tenus par des Polonais. L’équipe polonaise du Warta, qui joua pendant la Seconde Guerre mondiale, vient y arroser les fins de partie, avec du vin et un délicieux mélange de jaune d’œuf et de cognac. On s’y retrouve aussi pour les fêtes traditionnelles.
Réunis en sociétés, les Polonais parcourent les cités et le pays minier, allant de Calonne au 3 de Liévin, à Bully-les-Mines, Carvin, Mazingarbe, Orchies, Lens ou Courrières. Au Nouvel an, ils y vont « promenant l’ours » au bout d’une chaîne, selon une coutume que l’on trouve dans certains pays de l’Est. Ils ont aussi formé une société de gymnastes, spécialistes des pyramides humaines, les Sokols : c’est l’occasion pour eux de représenter leur quartier et leur cité lors des grands bals de rue.
Pour la plupart, les Polonais sont de fervents catholiques. La société du Rosaire regroupe des femmes de Calonne, venues de Westphalie, qui sont très pratiquantes. L’église des messes polonaises est Notre-Dame-de-Grâce, au 3 de Liévin. Lors de la fête de Pâques, selon la tradition, on s’asperge d’eau de Cologne : c’est le lundi mouillé, le Dyngus. À Noël, la fête se termine par un repas traditionnel avec l’oie sacrée par le sang, cuite avec les abats et servie avec des pruneaux, le délicieux makotch, etc.
L’emprise des Houillères
Le contrôle exercé par les Sociétés Houillères sur la vie des mineurs commence dès le plus jeune âge. Jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, et ce en dépit de toutes vicissitudes, elles défendront leur modèle éducatif, fondé sur des valeurs morales et d’obéissance.
Pour la Compagnie des Mines de Lens, il faut y ajouter la dimension religieuse. À peine implantée, au milieu du XIXème siècle, la Compagnie fonde une école de filles à Saint-Amé. Six sœurs de la Divine Providence de Ribeauvillé (Bas-Rhin) débarquent à Liévin. L’une d’entre elles dirige l’école, une autre alphabétise les jeunes mineurs. Les sœurs s’occupent aussi des épouses des ouvriers, les initiant à la couture, à la cuisine ou à la puériculture. Elles fondent un dispensaire et créent une chorale.
Dans un deuxième temps, les Mines de Lens ouvrent une école de garçons, confiée à des religieux marianistes.
Comme il manque une église à cette paroisse, on fait construire un grand et bel édifice sur le territoire même de la Compagnie des Mines de Liévin. L’église Saint-Amé sera inaugurée en 1876. Après la loi Emile Combes de 1902, imposant la fermeture des écoles des congrégations, les frères seront expulsés de Liévin. Les religieuses, elles, resteront jusqu’en 1946. Mais leur statut est modifié : elles sont désormais employées de la Compagnie.
De son côté, la Compagnie des Mines de Liévin déploie ses propres écoles, en commençant par le puits n°01 de Liévin. En 1872, un premier bâtiment y accueille 300 enfants. Quatre ans plus tard, un nouveau groupe scolaire est construit, au 3. Après les lois Jules Ferry (1881 et 1882), la compagnie loue les locaux pour un franc symbolique à la commune. La rémunération des enseignants dépend désormais de cette dernière. Néanmoins de nouvelles écoles sont construites aux cités 2 du hameau de Condé et 5 de Calonne. Après la Première Guerre mondiale, la Compagnie se contentera de financer partiellement la reconstruction des groupes scolaires.
Vers 1954-1955, la commune de Liévin récupèrera des bâtiments plutôt délabrés. Mais il faudra attendre le mandat d’Henri Darras et les années 1960-1970 pour que soit développé un réseau d’écoles, et surtout de collèges et de lycées, digne de ce nom.
Une autre école
En 1924, le maire Léon Degréaux lit en conseil municipal la lettre d’une certaine Fanniebelle Curtis. Celle-ci lui propose d’offrir à la ville de Liévin une « Maison de tous » qui comprendrait un jardin d’enfants, une classe maternelle, une bibliothèque et un logement pour le concierge. Philanthrope et humaniste, Fanniebelle Curtis est la présidente du Kindergarten Unit, qui prône la méthode Froebel pour la petite enfance. En 1927, le bâtiment est inauguré dans l’ancien parc du château de la famille de Romblay. Le Kindergarten de Liévin (jardin d’enfants) est confié à une certaine Mademoiselle Loeulliet qui a séjourné à Boston pour se familiariser avec cette pédagogie.
Après sa mort en 1930, le jardin d’enfants se transformera en une classe maternelle classique. Aujourd’hui, ce bâtiment héberge la Maison de la Mémoire.
Les associations : encadrement et lien social
La vie des mineurs et de leurs familles est encadrée par de nombreuses associations qui ont pour objectif de les aider, les distraire et créer un lien social.
Musicales, sportives, culturelles, certaines d’entre elles ont perduré à travers les années. Des clubs de foot, des associations de joueurs de boules, de tir à l’arc, de colombophilie se développent. Une des plus anciennes est l’Harmonie des mines, créée en 1863 par la toute jeune Société Houillère de Liévin. Une soixantaine d’hommes, musiciens chevronnés, tous salariés des mines, participent à cette fanfare, se pliant à une discipline rigoureuse. Lors des concours, I’Harmonie des mines se retrouve en concurrence avec celle de Courrières ou de Lens.
Elle a traversé le siècle sans jamais cesser de jouer, jusqu’à sa fusion en 1971 avec la formation municipale qui a donné naissance à l’Harmonie de Liévin.
Le sport occupe également une place importante. Dès 1921, à Calonne, le stade Louis Duflot réunit de nombreuses activités telles que le basket-ball, la gymnastique et le football. Celles-ci sont financées en grande partie par la Société Houillère de Liévin. Lorsque Lionel Thilly prit la présidence du club de football, l’Espérance de Calonne, il découvrit que, dans les années 1960-1970, la subvention des Houillères était plus importante que celle de la municipalité.
Un monde solidaire
Cette vie associative ne fait que renforcer la solidarité propre au monde de la mine. La dureté du travail, la fierté de l’accomplir, le partage de règles communes, la nécessité de s’unir… tout contribue à forger des liens, des comportements des valeurs fortes. La famille en est une, le travail aussi : « au fond », les équipes sont très soudées.
L’entraide est présente à tous les moments de la vie quotidienne. Ainsi lorsqu’on livrait le charbon en « le culbutant devant la maison », il fallait le rentrer dans la cave par un trou prévu à cet effet. La femme du mineur payait avec du chocolat les enfants du quartier qui lui donnaient un coup de main.
Résister, toujours
La mine a révélé aussi l’esprit résistant des Liévinois, qui s’est manifesté face aux conditions de travail, comme il l’a fait face à l’ennemi. Militantisme et résistance ont jalonné l’histoire de la ville : en 1941, le bassin minier se révolta contre les conditions de travail et en même temps contre l’occupation allemande. Les femmes des mineurs étaient au premier rang de ces grandes manifestations, dont certaines eurent lieu devant les Grands Bureaux de la Société Houillère de Liévin. Plusieurs mineurs furent arrêtés, déportés et fusillés. Lors de la grève de 1948, qui était une révolte contre la dureté des conditions de travail, la Situation était très tendue : le gouvernement redoutait une insurrection communiste. Le couvre-feu fut même déclaré à Liévin. Forces de l’ordre et militaires campaient sur place : l'entrée du 3 de Lens fut démolie par un char ! À Calonne, le conflit faillit tourner au drame.
Cette histoire politique et sociale est emblématique de celle du syndicalisme ouvrier qui mena dans le bassin minier quelques-uns de ses plus durs combats et dont Arthur Lamendin fut l’une des grandes figures.
La fin de l’exploitation minière
En 1944, les bassins du Nord et du Pas-de-Calais sont nationalisés. La Société des Houillères de Liévin se voit retirer toutes ses installations de fond et de jour, ses 240 kilomètres de galeries souterraines, sa centrale électrique et ses 5 744 logements. En 1946, le transfert des actifs de la société (porte- feuille, trésorerie) aux Houillères du Bassin Nord-Pas de Calais créées la même année, marque la fin de la société qui, pendant près d’un siècle, a organisé la vie des cités.
Les Liévinois ont désormais un nouveau patron, l’État, tout aussi exigeant : la production augmente de près d’un million de tonnes en vingt ans en 1967, le groupe Lens-Liévin extrait 5,5 millions de tonnes de charbon, contre 4,5 en 1946. Néanmoins, dès le début des années 1960, la poursuite de l’exploitation est menacée, suite aux plans Jeanneney (1960) qui oriente la France vers le nucléaire et Bettencourt (1968) qui prévoit une diminution de 25 millions de tonnes de la production française. Les derniers épisodes auront lieu après l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand avec notamment un plan de relance qui n’empêchera pas la mine de fermer ses puits. À Liévin, la terrible catastrophe de 1974 – la cinquième en un peu plus d’un siècle – accélèrera les choses.
Le dernier coup de grisou
Le 27 décembre 1974, après la trêve de Noël, une équipe descend dans le puits 3 de la fosse Saint-Amé, à plus de 710 mètres de profondeur. Vers 6h30, un immense coup de grisou provoque un souffle qui ne laisse qu’un amas de décombres. On dénombre 42 morts, 5 blessés et 140 orphelins. Jacques Chirac, alors Premier ministre, assiste aux funérailles. Peu de temps après, une stèle, sur laquelle sont inscrits les noms des 42 victimes est érigée au pied du chevalement. En 1994, à l’occasion du vingtième anniversaire de cette catastrophe, le président François Mitterrand viendra à Liévin rendre un hommage à la mémoire des mineurs. « Car sans eux, sans leur travail, rien n’aurait été possible », a-t-il déclaré.
Explorons ensemble l'histoire de Liévin :
300 – 350 millions d’années – La formation du charbon
À la fin de l’ère primaire, il y a 300 à 350 millions d’années, à l’époque du carbonifère, le climat « à Liévin » est chaud et humide avec une végétation très importante. Des débris de végétaux s’accumulent sous une faible profondeur d’eau. Après affaissement du sol, la forêt meurt et le charbon se forme. Sur la couche végétale se dépose des alluvions. La végétation réapparaît. La couche en dessous ne contient plus d’air donc les sédiments (déchets de la couche végétale) s’enrichissent en carbone et deviennent du charbon.
130 – 65 millions d’années – Ère secondaire : Le Crétacé
Le Crétacé est une épaisse formation géologique sédimentaire qui marque la fin du Mésozoïque et qui a été nommée ainsi parce que la craie en est une roche prédominante. Le terrain crétacé est principalement constitué par des couches de dépôts crayeux marins qui se sont déposées au fond des mers existant à cette époque. (colline du Caumont)
La colline de Riaumont est sur sa partie supérieure composée de sable landénien (butte témoin), sable qui correspond au fond de la mer de cette époque.
– 3300 avant JC
Des hommes du néolithiques chasséens s’étaient établis sur la colline de Riaumont. Ils nous ont laissé des traces de leur passage : fonds de hutte, silex taillés et poteries.
À cette époque, les hommes ne sont plus des chasseurs-cueilleurs, ils se sédentarisent et deviennent cultivateurs-éleveurs.
200 avant JC
C’est l’époque des Gaulois à Liévin. On découvre des poteries et de nombreux fragments toujours sur la butte de Riaumont.
50 avant JC
Les Romains s’installent sur le versant sud de la colline de Riaumont : découverte d’un fortin romain avec fossé défensif et d’une fontaine.
Le nom de Liévin tirera son nom de Levesano qui signifie « Eau qui est bonne, eau qui guérit ».
Avec la Pax Romana, les romains resteront à Liévin durant trois siècles et construiront une villa romaine avec tout le confort de l’époque : fresques murales, mosaiques, hypocaustes (chauffage par le sol).
500 après JC – Les mérovingiens
En 1905, Edouard Drouet, ingénieur aux mines de Liévin, découvre lors de la construction de la cité des Grands -Bureaux, un cimetière Franc de 747 tombes. Cette découverte fournira un formidable trésor archéologique qui fut totalement perdu lors de la Première Guerre mondiale.
Une nouvelle découverte est faite dans les années 2000, on retrouve cinq corps supplémentaires.
Le cimetière mérovingien de Liévin :
En 1905, en construisant la cité des Grands-Bureaux, on découvrait une nécropole où reposaient nos ancêtres liévinois de la fin de l’époque romaine, des Grandes invasions du Vè siècle et de la période mérovingienne.
Le livret d’Edouard Drouet était devenu rarissime, cette découverte capitale pour la compréhension de la naissance de la nation française et de notre identité régionale avait besoin d’être à nouveau publiée, complétée et rendue accessible à tous. La revue GAUHERIA a consacré récemment une série d’articles, du numéro 90 à 99, bousculant les idées reçues sur cette période de notre histoire car faisant appel aux plus récentes conclusions de la recherche scientifique archéologique internationale. Liévin n’est pas le plus grand cimetière mérovingien du Pas-de-Calais, les Francs n’ont pas dévasté notre région et notre cité-garnison liévinoise était cosmopolite, avec la présence au sein de la population autochtone gallo-romaine, de Saxons, d’anglo-saxons, de Thuringiens, de Frisons de Bataves, de Germains orientaux ou des bords du Rhin, de Francs et de soldats de l’armée romaine chargés de défendre la frontière nord de l’Empire. On y verra aussi le pillage en 1914-18 des collections d’objets exposés dans les Grands-Bureaux. Des armes ont été emmenées en Angleterre, des bijoux à Berlin puis en Russie en 1945 ! Le numéro 85 avait rappelé la découverte rue Clovis en 1958-76 de caves néolithiques faisant de Liévin la plus ancienne ville du département avec 5 000 ans de présence humaine. (source Francis Roger)
La fibule dorée (épingle de vêtement féminin du VIè siècle) trouvée à Liévin en 1905, actuellement conservée à Moscou :
1070 après JC
Première mention manuscrite de Liévin qui est à ce moment Lévin. Le nom apparaît dans la charte du Comte d’Eustache prélevant sur la commune les impôts sous la forme de sacs de froment et de châpons. Contemporain de cette époque, le bénitier de la première église de Liévin.
XIe siècle
Le château fort de Liévin a été construit au milieu des marécages sur une motte artificielle sur laquelle fut construit une tour carrée en bois. Plus tard la pierre remplacera le bois trop fragile et inflammable. Le château fort de Liévin fut assailli à de nombreuses reprises au cours des siècles. En 1515 il n’est qu’une éminence entourée par les eaux de la Deule.
Son emplacement se situe de nos jours à proximité du Centre Arc-en-Ciel.
1398
Le premier moulin à eau apparaît à Liévin : le moulin de Fromeulle en Liévin. Notre ville compte avec celui-ci cinq moulins à eau sur la Haute Deûle (la Souchez) : Rolincourt, Riaumont, L’Abattoir, Val de Souchez, pour moudre de la farine. Seul celui de l’Abattoir servait à fabriquer de l’huile.
1478
À l’emplacement du jardin public actuel, le Seigneur LEBORGNE établit son château d’Oréaulmont.
Il brûle en 1741 avec la moitié des maisons du village.
1648
La Bataille de Lens par le Prince de Condé.
La majeure partie des troupes du Prince de Condé est passée par le territoire liévinois.
Le choc principal des armées Françaises et Espagnoles a eu lieu au niveau de la rue de l’Abregain (Apre gain).
1736
M. Pierre-Marie Thobois découvre la borne de Liévin datant de 1736, rue de Cracovie à Liévin.
Celle-ci nous donne l’orthographe définitive de Liévin à cette date.
1742
René de Moges, réédifie un autre château plus près de la rue du Quatre Septembre actuelle.
Par acquisition et héritage il deviendra la demeure des familles De Fontaine, De la Fonteyne De Villers, puis Aronio de Romblay jusqu’en 1917.
Pour péréniser l’histoire de ce site, les ruines du pigeonnier correspondant à la tour de guet du premier château d’Oréaulmont édifier en 1478 sont en cours de réfection par les services techniques municipaux.
Louise Aronio de Romblay a joué un rôle important lors de la Première Guerre mondiale en venant en aide à la population liévinoise. Elle reste à Liévin et ouvre les portes de son château aux réfugiés, créée un hôpital dans sa cave, s’occupe aussi de 25 orphelins et offre un de ses terrains pour servir de cimetière.
1774
Le château de Rolincourt (aujourd’hui Rollencourt) est remanié à de nombreuses reprises. Au départ, il fut la demeure du Comte d’Aumale, puis des familles De Ligne et Jonglez de Ligne.
Le château faisait partie de la seigneurie de Rolincourt. La demeure conservait de très beaux tableaux de maîtres et était connu pour sa somptueuse cheminée monumentale en marbre rouge de Bretagne. Le château fut détruit lors de la Première Guerre mondiale.
1857
En 1857, la Compagnie des Mines de Lens découvre par forage la Houille à l’angle des rues Courtin et Défernez. Dès lors s’en suivra une fièvre charbonnière avec l’édification de nombreuses fosses aux quatre coins de la commune.
L’exploitation charbonnière renforce l’économie nationale mais causera aussi de nombreuses catastrophes minières (1882, 1883, 1885, 1907, 1936, 1957et la dernière de 1974 avec ses 42 victimes).
1869
Construction du château à la tour pour M. Jonglez de Ligne par l’architecte Mayeur.
Contrairement aux précédents châteaux évoqués plus haut, il n’est plus une résidence seigneuriale mais une vaste habitation bourgeoise de grand luxe comprenant de nombreuses pièces telles que salle de billard, fumoir et chapelle intérieure. Le chêne et le marbre décorent l’habitation.
De nos jours, à la place du château s’élève l’école Paul-Bert Emile-Littré.
1914
La guerre de 1914-1918 anéantira la commune de Liévin. Au lendemain du conflit plus une seule maison n’est debout à Liévin. De retour après la guerre les habitants ne peuvent retrouver leur maison tant l’apocalypse règne.
Il faudra près de 10 ans pour reconstruire les principaux bâtiments publics et les exploitations charbonnières et mettre en application un plan d’assainissement et de nivellement sur l’ensemble de notre commune.
La commune aura perdu plus de six cents Liévinois, civils ou militaires.
La Maison de la Mémoire est un musée d’histoire locale présentant les grandes étapes historiques de Liévin. Installée dans les locaux de la Maison de Tous, ancienne fondation de la Croix-Rouge Américaine de New-York, édifiée en 1926-27.
L'entre-deux-guerres
La Première Guerre mondiale vient rompre brutalement cette progression. La ville est en ruine, les églises et les châteaux sont détruits. Au total, 400 civils et 600 soldats ont été tués parmi la population de Liévin. La ville reçoit la Croix de guerre en 1920.
Dès la fin de la guerre, la reconstruction de la ville est entreprise, début septembre 1919, les Pays-Bas offrant des maisons de bois à 200 familles de Liévin, et l'extraction minière reprend.
Liévin a accueilli, comme de nombreuses autres communes du reste du bassin minier régional, des mineurs et leurs familles venus dans le cadre de l'immigration polonaise dans le Nord de la France dans les années 1920.
Seconde guerre mondiale
La Seconde Guerre mondiale viendra de nouveau stopper la progression de la ville. En 1940, Liévin est évacuée et les Allemands s'y installent et englobent le département dans une zone interdite.
La Résistance dans la région s'organise autour, notamment, du journal La Voix du Nord, aujourd'hui premier quotidien régional du Nord-Pas-de-Calais. 220 civils et 225 soldats sont tués.
C'est aussi dans le Pas-de-Calais, dans la commune proche de Montigny-en-Gohelle, à la fosse 7 de la Compagnie des mines de Dourges, que la grève a démarré, avec Emilienne Mopty et Michel Brulé (1912-1942), privant les Allemands de 93.000 tonnes de charbon pendant près de 2 semaines. C'est l'un des premiers actes de résistance collective à l'occupation nazie en France et le plus important en nombre, qui se solda par 414 arrestations en 3 vagues, la déportation de 270 personnes, 130 mineurs étant par ailleurs fusillés à la Citadelle d'Arras. de 1948.
Pendant quatre années la ville est sous la férule d'Alexander Von Falkenhausen, général qui gouverne la Belgique à laquelle Liévin est rattachée. Liévin est libérée le 2 septembre 1944 par la 8e armée britannique. Devant l'avancée des alliés, les Allemands lancent un appel pour réunir les mineurs à la fosse 3. Alors que tout le monde est réuni, l'occupant s'enfuit, les Résistants l'accompagnent. Les anglais traversent la ville en passant par la rue Defernez, d'Angres jusqu'à Lens. Pendant ce temps, la mairie échoit aux communistes, en tête de la Résistance.
De nouveau, la fin de la guerre marque la reprise de l'activité minière, particulièrement sollicitée pour répondre aux besoins de la reconstruction. La silicose, qui tuera de nombreux mineurs, fait son apparition.
Après-guerre, la commune est encore au centre de trois événements nationaux, la "bataille du charbon" (1945-1947), suivie des grève des mineurs de 1947 et celles de 1948.
La fin de l'industrie minière
Les mines de Liévin connaissent six accidents mortels au cours de leur histoire :
- le 28 novembre 1861, il y a eu 2 morts dans la fosse 1 ;
- le 13 août 1882, il y a eu 8 morts dans la fosse 3 ;
- le 14 janvier 1885, il y a eu 28 morts dans la fosse 1 ;
- le 28 janvier 1907, il y a eu 3 morts dans la fosse 3 ;
- le 16 mars 1957, il y a eu 10 morts dans la fosse 3. ;
- le 27 décembre 1974, il y a eu 42 morts dans la Fosse no 3 - 3 bis des mines de Lens.
Parallèlement, la récession de l'industrie minière s'amorce. De 1960 à 1980, 60 des 67 puits ferment. La fermeture du dernier puits fait suite à l'accident de la fosse no 3 dite "Saint-Amé". Cet événement marque l'arrêt définitif de l'activité minière à Liévin.
L'entrée dans le XXIe siècle
La fin de l'industrie minière prive la ville de sa principale activité économique. En 1999, la ville reste fortement touchée par le chômage. Cependant, de grands investissements sont mis en place dans les années 2010 afin de donner une nouvelle image à la ville et au bassin minier.
Outre l'investissement dans les industries du tertiaire, Liévin muse également activement sur le domaine du sport avec notamment la création de Vivalley, une technopole "sport, santé et bien être".