Dans quelques jours, la ville de Liévin va honorer la mémoire des 42 mineurs disparus d’un coup de grisou le 27 décembre 1974. 50 ans ont passé depuis ce drame qui hante encore l’esprit de certains Liévinois...

C’était un vendredi. Il est alors 6h19. Un coup de canon déchire les profondeurs de la fosse Saint-Amé. Puis le silence... Quatre-vingt dix mineurs, revenus après une courte trêve de Noël, sont à leur poste. Mais pour 42 d’entre eux, ce sera le dernier. Ils ne reverront jamais la lumière du jour. La plus grande catastrophe minière d’après-guerre a frappé, chez nous, à Liévin. Un bruit assourdissant, l’angoisse gagne les rues. Les familles, les épouses et les enfants affluent vers la fosse, espérant apercevoir un visage familier, entendre un mot rassurant. Mais les grilles restent fermées. Les cris et les pleurs résonnent dans le quartier. Seuls les secouristes et les ambulances traversent ce périmètre interdit.

MON MARI EST-IL LÀ ? MON PÈRE EST-IL VIVANT ?

À 7h, les premiers sauveteurs s’enfoncent dans la mine ; bientôt, les voitures funèbres sortent en silence, emmenant les corps des disparus. Quarante-et-un mineurs sont morts sur le coup ; Pierre Bertinchamp, lui, succombera quelques heures plus tard. Une centaine d’enfants deviennent orphelins. Les caméras arrivent, immortalisant des visages hagards, des paroles brisées. « C’est un coup de poussière », murmure un survivant, les yeux perdus. « J’ai participé aux secours... c’est encore dangereux là-bas », confie-t-il, encore sous le choc. Pendant ce temps, les mineurs des galeries voisines, malgré le danger, se mobilisent pour les secours, cherchant désespérément à sauver leurs compagnons. Sur place, les familles implorent des nouvelles. « Mon mari est-il là ? Mon père est-il vivant ? », demandent-elles, l’espoir se fanant à chaque minute qui passe.

Les jours suivants, les experts parlent d’un « accident » ; un « coup de poussière » est confirmé, fatal et meurtrier. Un ingénieur, face aux micros, tente de répondre aux questions pressantes : 42 vies se sont éteintes, et ce bilan effroyable reste gravé dans l’histoire de Liévin. Des tragédies, la mine en avait connues avant : 9 morts en 1945, 10 en 1957, 21 en 1965... mais celle-ci est la plus marquante depuis la catastrophe de Courrières. « Ce jour-là, le 27 décembre 1974, Liévin était en deuil, se souvient le maire. La vie de ces hommes tenait à un fil. »

Rendez vous le vendredi 27 décembre 2024

Dans quelques jours, le parvis de la stèle Saint-Amé deviendra le cœur battant d’un souvenir solennel : le cinquantième anniversaire de la catastrophe de 1974. Chaque année, cet hommage est rendu à la même période, mais l’édition de 2024 portera une signification particulière. « Je tenais à organiser une cérémonie à la fois solennelle et un peu différente, » confie Laurent Duporge, Maire de Liévin. « J’ai d’abord consulté André Verez, président de l’association du 27 décembre 1974, pour recueillir son assentiment. La cérémonie et les actions qui l’entourent ont été pensées et préparées avec le soutien précieux de l’association. » À 10h, les premiers moments de recueillement débuteront à l’entrée de la rue des Six-Sillons.

Au programme : l’inauguration de la fresque commémorative, l’allumage d’une flamme en mémoire des disparus, le dépôt de gerbes, des discours... « C’est un moment essentiel pour nous, pour les familles, souligne André Verez. Nous voulions que ce soit un temps de recueillement, non une fête, un instant empreint de respect et de mémoire. »

Rendez-vous le Vendredi 27 décembre à partir de 10h, rue des Six-Sillons.

 

Contact :

Mairie de Liévin

Service communication 03 21 44 89 89

+ D’INFOS

UN DOCUMENTAIRE À LA TV
Romain et Germain Aguesse, deux réalisateurs originaires de Lille, ont réalisé un documentaire appelé « La Catastrophe de Liévin ». Ce film sera diffusé en avant première aux familles des victimes, le 27 décembre au cinéma Pathé de Liévin. Il est prévu une retransmission sur France Télévision au début du mois de janvier 2025.

DÉCOUVREZ L’EXPO

Du 6 au 28 décembre, une exposition intitulée « 27 décembre » sera installée à la Médiathèque Jacques Duquesne, Pôle Gambetta. Une exposition retraçant la catastrophe mais aussi l’époque minière. C’est gratuit et ouvert à tous.

REDÉCOUVREZ SAINT-AMÉ

Le samedi 14, le mercredi 18 et le samedi 21 décembre, l’office du Tourisme de Lens-Liévin organise des visites de l’église Saint-Amé en lien avec l’association du 27 décembre 1974. La visite est gratuite et les inscriptions se font directement à l’office du tourisme de Lens Liévin.

UNE FRESQUE IMMENSE QUI REND HOMMAGE AUX DISPARUS


Pour les 50ans de la catastrophe, la municipalité a voulu marquer cette date de manière significative. Laurent Duporge, Maire de Liévin, a voulu honorer la mémoire des victimes à travers une oeuvre de street art avec l’association Run Da. Art. « Rouge Hartley a rencontré les familles de victimes et consulté les archives de Liévin et du musée de la mine de Lewarde, pour s’imprégner de l’histoire. Elle a aussi travaillé avec les élèves de l’école Léo-Lagrange », précise Katy Clément, adjointe à la scolarité.Il aura fallu une semaine à l’artiste pour réaliser cette fresque... entièrement peinte au pinceau.